lundi 16 juin 2014

ARAC ATTACK



Arac Attack, les monstres à huit pattes (Arrac Attack, Eight legged freaks) 2002, Ellory Elkayem, Etats-Unis/Australie. 3.


 
Disons clairement les choses, Arac Attack ne brille pas spécialement à la base par son originalité tant il s’inscrit dans la longue tradition des films b de monstres dont s’est fait une spécialité la science fiction américaine depuis les années 50, qui plus est lorsqu’elle met en scène une invasion d’araignée gloutonne (de Tarentula en passant par Them et autres Spiders, l’Horrible invasion et Arachnophobia sans oublier les inémarables Tarentule, cargo de la mort et L’invasion des araignées géantes).


On retrouve donc grosso modo tous les archétypes du genre (à quelques variantes près) et les mêmes situations : une contener hautement radioactif tombe dans un lac, des araignées de toutes sortes sont contaminés et vont muter pour atteindre des tailles monstrueuses. La ville va donc servir comme vous vous en doutez de garde manger pour ces bestioles. Ce qui sauve le film du tout venant tient au fait que le réalisateur (dont il avait déjà signé un petit court métrage visible sur le dvd intitulé Larger Than Life) ne prend jamais trop au sérieux un thème ultra galvaudé et préfère épicer son film (techniquement correct et assez spectaculaire) d’un humour ‘qu’on qualifiera de bon enfant’.


Ellory Elkayem qui avait tâté de la série b monstrueuse avec son dtv sympa Eclosion, connaît visiblement ses classiques (les références à Them où à Tarantula saute aux yeux dans de nombreuses séquences) et ses codes et c’est donc avec beaucoup d’humour qu’il parvient à décrire cette énième invasion animale grâce à une galerie de personnages bien allumées (le dj local) et pittoresques (le sheriff). Malheureusement, s'il fallait mettre un gros bé mol à ce métrage, c'est surtout et essentiellement pour rappeler que Ellory Elkayem n’est pas Joe Dante (dont on a fait un peu vite le successeur à sa sortie) et confond regard iconoclaste et pastiche lourdaud.


Là où Joe Dante savait parfaitement équilibrer son mythique Gremlins sur plusieurs tonalités et registres (comédie splastick, visions cauchemardesques, conte de fée horrifique, regards subversifs), Ellory Elkayem sombre trop souvent dans l’humour bas du front et ultra référentiel, ce qui a pour conséquence de rendre certaines situations particulièrement grotesques et surtout de transformer la plupart de ses personnages comme des caricatures désincarnés. Inégal dans l’ensemble (mais riche en effets spéciaux rigolo), Arac Attack vaut mieux que la moyenne du genre, et reste pour les amateurs de grosses bébêtes comme une série b sympathique mais il faut aussi reconnaître que Arac Attack se place néanmoins en deçà de certains petits classiques des années 80 (Tremors ou Le Blob par exemple). JMM.





 
 
 

vendredi 13 juin 2014

Les jaquettes de Stebreizh : Spécial Monster Movies part 1

Voici une sélection concocté Stebreizh sur le thèmes du film de Monstres. Des films de prestiges, de la série B, du Z et quelques classiques. Comme d'habitude, je vous invite à lancer une des bandes originales pour vous mettre dans l'ambiance.


 
 
 
Les Jaquettes


























 
Quelques Bandes Annonces
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Dossier 2 : Hong Kong en France Part one : Bruce Lee




Impossible d'évoquer le cinéma d'art martiaux ou de karaté sans faire un arrêt sur image sur Bruce Lee, icône du cinéma populaire mondiale et qui en l'espace de quelques films était devenu une des plus grandes légendes du cinéma. Pour beaucoup, son aura reste absolument unique, peu importe la qualité variable de ses titres, il reste un corps et une présence magnifique. Avant d'aborder en fin de dossier ses films et ses prestations, revenons sur  Bruce Lee et le rôle catalyseur qu'il a eu sur la distribution du cinéma HK en France. Sans oublier du rôle déterminant que René Château a eu sur la reconnaissance d'une star, d'une genre, d'une industrie.
 
 
 



 
 
 
Bruce Lee : La légende du petit dragon comme catalyseur de la passion HK.

En trois ans (de 1970 à 1973) et avec seulement cinq films (Big Boss de Lo Wei, La fureur de vaincre de Lo Wei, La fureur du dragon de Bruce Lee, Opération dragon de Robert Clouse et Le jeu de la mort de Robert Clouse, sortie en 1978 après rafistolage), Bruce Lee est encore aujourd’hui, l’incarnation du mythe de la Star. S’il y a un nom qui a le plus contribué à la gloire, à la renommée du cinéma de Hong Kong, c’est bien celui de Bruce Lee. Avec Marylin Monroe et James Dean, Bruce Lee demeure ainsi l’un des trois comédiens dont l’image et l’aura, restent, plus de 30 ans après sa mort, toujours intactes, vivantes[1].



Dans un article consacré à Bruce Lee, Stéphane Lacombe (Journaliste du magazine HK- Orient extrême cinéma, N°7, juin 1998 Page 52-53) explique les raisons de sa renommée, tout particulièrement en France. Outre son charisme et sa beauté, Bruce Lee est également à l’origine de l’émergence d’un nouveau genre cinématographique : le ciné-karaté. A travers, cette formulation discutable pour les puristes, Christophe Champclaux, rappelle, dans son ouvrage[2] l’origine de la technique martial de Bruce Lee qu’il nomma dans un premier temps Jun Fan Gung Fu avant de l’appeler, en 1967, sous la formulation Jeet Kune Do[3]. Comme le précise Champclaux dans son livre « ...Bruce acquiert une large connaissance d’un grand nombre de styles de combats allant du Taï Chi à la Savate en passant par la boxe anglaise et Le Muy Thaï…. ».





Autant de techniques de combats utilisées à des fins spectaculaires renforçant son impact visuel qui vont participer à la vague du ciné-karaté. Rapidement, les distributeurs étrangers, lassés par les médiocres résultats des films de Hong Kong, notamment Du sang chez les Taoïstes, le fameux Les griffes de Jade de Ho Meng Hua et La dialectique peut-elle casser des briques ?[4] (Sorties en France entre 1971 et 1972) vont s’intéresser à ce nouveau phénomène. Lorsqu’on apprend la mort brutale de Bruce Lee, le 20 juillet 1973, le cinéma d’arts martiaux est sur le point d’exploser en Occident. Pendant ce temps, l’axiome suivant « Le plus fort, c’est Bruce Lee » devient courant et les clones de Bruce Lee ne vont pas tarder à l’exploiter à fonds. A cette époque, René Château, qui lance sur le marché les films de Bruce Lee, devient le distributeur le plus important du cinéma de Hong Kong en France. Comme le précise Vincent Ostria dans son article ‘La distribution peut-elle encore casser des briques ?’ : « La mort de Bruce Lee, en 1973, fut le catalyseur du mouvement »[5]. Elle a non seulement permis de faire connaître une industrie, mais elle a lancé la mode du film d’arts martiaux en France.

Extrait d'un itw de René Château pour Starfix  N°2 Hors Série, Spécial Action

"Avant la Fureur de vaincre, je n'avais vu en fait que La main de fer qui était au Richelieu. Toujours est-il que lorsque j'ai vue Bruce Lee pour la toute première fois, j'ai été frappé par son charisme et par le fait qu'il faisait tout physiquement. Pendant certains combats, son œil devenait fou !"

Les clones de Bruce Lee :





La mort prématurée de la star Bruce Lee laisse un trou énorme dans l’industrie du cinéma de Hong Kong et les exploitants et les distributeurs essayent par tous les moyens de capitaliser le succès foudroyant du ciné-karaté. Tout le monde a conscience que sans «le petit dragon » comme détonateur, l’industrie de Hong Kong n’aurait jamais connu un succès public aussi fulgurant. Il faut donc, coûte que coûte, chercher l’acteur, le genre susceptible d’inciter les gens à se déplacer en salle. L’industrie va donc miser sur deux genres cinématographiques issue de cette situation de crise : «La Kung Fu comedy » (dominés par les chorégraphes acteurs Jackie Chan, Samo Hung et Yuen Biao) et «le Fake-Bruce-Lee-Flick » (Les clones de Bruce Lee)[1].

 
Intéressons-nous, tout d’abord, à ce sous genre aussi rapide qu’éphémère qu’a été les clones de Bruce Lee. Malgré la mort de Bruce Lee en 1973, la mode reste au film de Karaté et au film de Kung Fu, et les distributeurs vont, de manières évidemment opportunistes et mercantiles, exploiter le mythe de Bruce Lee pour le compte de quelques producteurs qui sentent le précieux filon. Très rapidement à Hong Kong, la frénésie touche le grand public et la presse à scandale. Christophe Champclaux[2] rappelle cette période : « La presse à scandale tient là sa vengeance contre un homme célèbre pour ses nombreux accrochages avec les paparazzis. Il suffira de déclarations évasives des médecins et de quelques ragots de concierges de voisins mal intentionnés, pour que les esprits en mal de scandales s’échauffent. Betty Ting Pei n’est pas la dernière à laisser planer de lourdes ambiguïtés. En quelques manchettes agressives, l’idole des foules devint un psychopathe hystérique, un accro à la drogue doublée d’un obsédé sexuel, victime des Ninjas, de Raymond Chow, des moines Shaolin, voire des mauvais esprits. Aux yeux du public, une simple maladie neurologique provoquée par le surmenage ne peut évidemment pas suffire à expliquer un tel décès ». Plus loin, il ajouta encore : « Comme pour Elvis, on prétendit même que sa mort n’était qu’un coup de pub, et qu’il allait revenir »[3]. Bien entendu, face à cette profusion d’informations déformées ou construites, il est facile pour des hommes peu scrupuleux d’abuser le public en lui proposant des films marqués par le sceaux Bruce L.. (Peu importe son orthographe, le public n’est pas censé faire la différence avant d’avoir vu le film).

 
 
Suite la semaine prochaine

Pour patienter, voici la section bonus avec les ouvrages existants sur Bruce Lee






Bonus Vidéo Documentaire et Reportage
 
 
 
 

 
 




[1] Dans l’entretien de Libération du 23 juillet 2003, Christophe Gans évoque le ‘culte du regret : « C’est très perturbant, un référent érotique, romantique et morbide. Pour l’éternité ! J’insiste sur cet aspect des choses : la morbidité, presque la nécrophilie, qui a poussé les adolescents du monde entier à lui vouer ce culte du regret ».
[2] Tigres et Dragon : Les arts martiaux au cinéma, de Tokyo à Hong Kong. Edition Trédaniel, page 26-28.
[3] Il existe deux ouvrages publiés après la mort de Bruce Lee, en fait un ensemble de texte, ou la star explique l’origine de cette technique et de ces emprunts : Le Tao du Jeet Kune Do (publié en 1975) et Commentaires sur la voie martiale (publié en 1997).
[4] La dialectique peut-elle casser des briques ? est un film du mouvement situationiste qui a détourné un film de Hong Kong de manière comique afin d’introduire un discours communiste.
[5] Cahiers du Cinéma. N°362-363, septembre 1984 : Hors série, Hong Kong Cinéma, page 115.
(6) 99 films en tout. Ce chiffre comprend l’exploitation salle et vidéo. Il est à prendre avec quelques précautions, il peut, en effet, être un peu plus important. C’est donc une estimation.