samedi 23 juin 2018

Avengers Infinity War





Après un bref résumé des dix dernières années du Marvel Cinematic Universe, il est temps de parler enfin du sommet de la Phase 3 (mais pas encore la conclusion) avec le dernier film du studio. Mais avant de continuer la lecture, je vous invite à choisir à lancer le lecture d'un des morceaux musicaux du film pour vous plonger dans l'univers nihiliste de Thanos. Pour information, cette critique a été concoctée par l'inénarrable Philippe Orlandini, tandis que la mise en page a été exécutée par mes propres soins. Bonne lecture !
 


3 minutes 30 en l’espace de six ans, c’est tout ce que l’on avait eu pour annoncer la venue du Titan fou, venu pour collecter les Pierres de l’Infini, presque toutes présentés dans les films précédents, de leurs pouvoirs à leur emplacement.



De l’autre côté du prisme, la mission quasi impossible de créer un mega crossover digne des events de comics, mais là encore adapté au format cinématographique.
Cette mission a été confié au quatuor des précédents films Captain America : les deux scénaristes Christopher Markus et Stephen Mac Feely (à qui on doit également l’excellent Pain and Gain ainsi que la trilogie Narnia.) et aussi les deux réalisateurs depuis The Winter Soldier, Anthony et Joe Russo pour succéder à Joss Whedon, évincé et persona non grata depuis Avengers, l’ère d’Ultron (pour les détails, voir le dossier bilan du MCU) .
 

Leur mission, si toutefois ils l’acceptent, seras de mettre en place l’aboutissement de dix ans de build-up où devront se réunir plus d’une vingtaine de personnages, tous plus ou moins présentés et développés dans les 18 films précédents, face à la menace que représente Thanos accompagné de l’Ordre Noir, quatre de ses "enfants" entièrement dévoué à sa cause.
 

L’ambition et la surenchère visuelle de la Phase 3 fait qu’Infinity War doit taper très fort, plus encore que n’importe quel film précédent. L’autre défi à relever est d’enfin proposer un vrai méchant, digne de la menace qu’il représente via ses actions depuis donc Avengers. Gros souci de taille pour les fans comme les détracteurs, les antagonistes réussis dans le MCU, se compte sur les doigts de la main, et encore en prenant en compte ceux des séries Netflix. Le défi était donc colossal face à l’ampleur du film.
 
 
Petite piqûre de rappel avant de commencer à parler d’Infinity War avec un rapide "Previously on the movies of Marvel Cinematic Universe".
 
Cela fait donc deux ans depuis les évènements de Captain America: Civil War où suite aux accords de Sokovie, créé suite aux évènements d’Avengers 2 dans ledit pays (fictif) que les super héros de tout bord gravitant autour des Avengers, et où se rajoute à présent Spiderman et Black Panther, vont donc se séparer en deux camps.
 
 
Du côté des "rebelles" se trouvent Captain America, qui a renoncé au bouclier et à son titre, Black Widow devenue blonde pour l’occasion, Falcon, un ami de Captain America qui s’est retrouvé mêlé sans le vouloir au conflit, Hawkeye, emprisonné au Raft ainsi que Scott Lang, le nouveau Ant Man. Certains ont négocié des conditions pour purger leur peine chez eux (les deux derniers cités) les autres sont en cavale, recherché par le gouvernement.
 
Dans l’espace, personne n’entend les Asgardiens crier quand Thanos débarque en scène post-générique de Thor Ragnarok afin de débarquer sur Terre pour venir chercher les autres Pierres d’Infinité.
 


La première se trouve sur Xandar, planète où a lieu l’action des gardiens de la galaxie, la seconde justifiant la venue de Thanos est donc le Cube Cosmique, "récupéré" par Loki avant la destruction d’Asgard dans Thor Ragnarok. Une autre pierre se trouve chez le Collectionneur depuis la fin (encore en post-générique) de Thor le Monde des ténèbres, l’oeil d’Agamotto, bijou mystique se trouvant autour du cou de Docteur Strange et enfin la gemme sur le front de l'androïde Vision.
 
Dernier point pour ceux qui sont intéressés par la chronologie des évènements : Malgré le calendrier des sorties films, la Phase 3 est dans le désordre au niveau chronologie des films. Il faut donc comprendre que les évènements du film Black Panther ont donc eu lieu depuis deux ans, à l’issue des évènements de Civil War.
Le film chronologiquement le plus proche d’Infinity War est donc Thor Ragnarok ainsi que l’une des scènes post générique des Gardiens de la Galaxie Volume 2 avec la présentation de Teen Groot.
 
Pourquoi faire ce bilan rapide aussi bien narratif que chronologique des films précédents? Parce qu’Infinity War suit le modèle Marvel classique à savoir de la continuité sérielle sans rappeler à chaque fois tout ce qui a eu lieu, encore plus quand il s’agit de traiter une trentaine de personnages à l’écran qui ne se sont jamais croisés auparavant.
 

 
 
Plus que l’aspect ludique de reconstruction du puzzle, le canevas narratif du film prends en compte le fait que vous avez tous et tout vu les films précédents, et sans doute demander un peu trop à son public pour le coup, se remémorer de chaque action ou tentative de trajectoire dramaturgique esquissé pour à peu près tout les personnages.
 
Second défi qui pose un peu problème est la mise en scène des frères Russo sur les précédents films Captain America. Pour des séquences correctement emballés voire radicalement efficaces sur Winter Soldier (avec le futur réalisateur de Deadpool 2 et John Wick à la seconde équipe, forcément) les Russo surdécoupent leur cadre dans Civil War et surtout gèrent le gigantisme de l’action à tâtons. (Giant Man dans la scène de l’aéroport et plusieurs plans continus évoquant les splash pages des comics). Un gros souci car l’ampleur d’Infinity War est d’encore surpasser ce gigantisme et ce pour à peu près ¾ du film.
 
Littéralement, les Russo agonisent derrière leurs combos à chaque plan IMAX un tant soit peu dynamique, collant au plus près de l’action pour garder autant de lisibilité possible mais perdant en impact.
 
Leur mise en scène s’adaptent à merveille justement lors des scènes de discussion et de rencontres comme ils l’ont démontrés dans Winter Soldier mais principalement dans Civil War où le film était l’exercice parfait pour gérer la réalisation de séquences de discussion avec plusieurs personnages ou à l’opposé de garder l’action centré sur les protagonistes sans prendre en compte le reste de la topographie autour (voir le découpage au marché de Lagos ou la course poursuite façon Cité de la peur à Berlin.) Et là encore, le rapport de force et le dosage est une fois encore déséquilibré pour Infinity War.
 
Ce qui était hier leurs défauts devient un atout considérable en montrant plusieurs affrontements shootés à l’épaule de façon très serrés (le plan à l’épaule suivant Stark lors de l’arrivée du vaisseau d’Ebony Maw à New York), voire cuts par moment (le combat à Edinburg entre les Secret Avengers et deux des membres de l’Ordre Noir) mais dont la mise en scène reste fluide pour gérer à l’écran action et effets visuels en pagaille sans que ça ne soit impossible à suivre.
 


La scène la plus marquante pour souligner ce contraste avec leurs deux précédents films reste la scène de la forge sur Nidavellir avec Thor, où le dosage repose essentiellement sur la différence d’échelle pour créer le sentiment d’urgence exigé par la situation mais également par l’ampleur du lieu, de la tâche et des enjeux qui suivent.
 

A l’opposé, le climax ultra attendu de la bataille du Wakanda montrent clairement la limite créatif des Russo qui écrase l’écran mais ne parvient que très rarement à rendre épique le moindre plan de foule ou de créer une tension nécessaire pour créer l’euphorie lors de la charge des opposants où se sont pourtant réunis plusieurs héros.
Les seules moments véritablement réussis, restent les combats individuelles concentrés uniquement sur les actions des héros tel que l’arrivée de la Team Thor sur le champ de bataille ou le combat Proxima Midnight contre Black Widow.
 


Il est d’ailleurs amusant de voir que tout les problèmes de mise en scène ou le manque d’empathie voulus lors de telles séquences ou les rencontres entre nouveaux personnages trouvent un dosage sur le fil du rasoir à travers les ingrédients typiques de Marvel Studios : action, humour et effets visuels, se reposant sur un aspect presque alchimique des points de vues où le charisme des acteurs permettent d’habiter les incarnations des personnages de comics à l’écran.
 
Et enfin, il y a celui qui a déjoué les attentes et contredit complètement tous les défauts cités jusqu’à présent : toutes les scènes avec Thanos.
 
La première grosse surprise de Thanos reste avant tout son écriture et son interprétation par Josh Brolin, en performance capture. Je ne voulais pas traiter de cet aspect dans le dossier du MCU car le cas de Thanos est l’exception qui confirme la règle.
 

 
Comme je l’avais dit dans la partie de la Phase 3, Marvel Studios vendent leurs films sur un double exercice périlleux : à savoir rallier la cause des fans de comics pour fidéliser immédiatement avec des titres similaires à des titres de comics cultes ou célèbres (Civil War, Infinity War, Age of Ultron, Ragnarok) et réussir à convaincre le spectateur néophyte n’ayant jamais touché à un livre de leur vie et lui donner envie via la hype sans qu’il ne connaisse le matériau d’origine.
J’avais évoqué le cas Civil War et le 'gros gros gros' contraste entre la version Marvel Comics et la version Marvel Studios. Thanos nous était présenté la toute première fois lors de la scène post-générique d’Avengers, compris que par les fans de comics avec ce personnage violet sorti tout droit d’un sentai (et que certains ont confondus avec Hellboy vu la façon de le filmer).
 

 
 
Plus que la phrase de Nick Fury lâché en fin d’Iron Man, un seul mot rimait avec l’arrivée de Thanos à l’écran et tout ce que le matériau d’adaptation sous entendait : IMPOSSIBLE.
Plus que ce plan énigmatique, un caméo du Titan fou posé sur son trône durant 1.15 minutes dans les Gardiens de la Galaxie était une façon clair de dire aux différents spectateurs : Thanos arrive.
 
 
 
Seul hic pour le néophyte. L’annonce de son arrivée et ses bribes de séquences sur 3 ans (dont deux scènes post-génériques ) ne veut strictement rien dire sur la menace que représente le personnage. A l’opposé du lecteur de comics qui, lui, sait et fantasme ce que ce sous-entends la venue du Titan fou sur les écrans.
 
Plus que n’importe quel titre adapté ou annoncé durant les Phases 2 et 3, la promesse de la venue de Thanos dans un film adapté des comics Infinity (Quest, Gauntlet et donc War) montrait clairement les ambitions de Marvel Studios. Mais aussi, la pression monstre qui reposait sur ce seul personnage dans son film en sachant qu’en plus de le présenter, il fallait également lui faire opposer TOUS, ou une grande partie, des supers-héros présentés depuis 10 ans dans le MCU, voilà ce qui pesait sur les épaules de Marvel Studios depuis six ans. 
 

 
 
SPOILERS!!! ( même si tout le monde a déjà vu le film)
 
Le fait que les réalisateurs ait demandé à ce que le public garde la surprise le plus possible en s’abstenant de révéler quoique soit du film sur les réseaux sociaux ne reposait pas tant sur la réussite ou l’échec du film mais surtout sur le fait que ce seul personnage, au look vraiment particulier (on parle d’un barbare alien à la peau violette quand même) était la clé de voûte de tout l’univers du Marvel Cinematic Universe.
Le public néophyte ou fan de comics doivent découvrir et se faire son propre avis sur le film et encore plus sur le personnage. Mais le plus surprenant, ô miracle! de faire réfléchir sur les enjeux du film et même de ses actions à travers nos propres points de vue et opinions.
 

Oubliant totalement l’aspect conquérant du Titan fou passé la séquence d’introduction très brutal, digne de ce que doit être une première apparition du personnage, Le Thanos du MCU est le coeur du film, voire parfois l’enjeu même de certains des personnages.
 
Du superbe flashback sur Zehobeir avec la jeune Gamora (tandis que son armée massacre la population en arrière plan) à son utilisation de chacune des Pierres rendant chaque séquence plus réussie les unes après les autres en soulignant à la fois la puissance des pierres individuellement avec le gant mais aussi l’aspect dramaturgique.
 


De sa quête de la pierre de l’âme sur Vormir avec une très jolie introspection dans sa relation amour/haine avec Gamora à sa conclusion tragique qui va jusqu’à créer pour la première fois dans une grande partie du MCU. De l’empathie envers un ennemi (l’exception reste encore Eric killmonger dans Black Panther et Wilson Fisk dans Daredevil).
Cette empathie créé à travers les actions du Titan fou tout comme ses propres réactions, via le jeu impeccable de Brolin derrière le "masque" numérique des traits de Thanos, va teinté de mélancolie le troisième acte et la confrontation sur Titan, où la moindre émotion prend une tournure quasi unique dans un film Marvel, puis celle au Wakanda et surtout la scène du claquement de doigt.
 

 
 
Et c’est là que le film creuse tout le problème causé par le système de production, de promotion, causés par les limites conjointes des Russo mais aussi du mega build-up qu’est le MCU.
 
Premier point : le public adepte de la formule Marvel sors complètement de sa zone de confort où rien des scories habituels (comprendre : pas de gags pour désamorcer la tension) ne viennent contrebalancer ce qui s’amorce à l’écran.
En choisissant la date symbolique d’Avril comme les précédents Avengers, Infinity War a surtout remplacé le temps de quelques heures, l’état de stress que peut créer la série Game of Thrones lors des mise à morts totalement aléatoires dans chaques saisons.
Le point le plus couillu reste la disparition de Black Panther, personnage qui a cartonné au delà des attentes à peine deux mois de cela, et disparaît parmi tant d’autres dans les évaporés.
Le second est Spiderman, à peine installé depuis moins d’un an et enfin, au vu de la popularité grandissante de l’équipe, pourtant quasi inconnu il y a encore 4 ans, à l’exception des lecteurs de comics, la quasi totalité des gardiens de la Galaxie.
 
 
 
Deuxième point : le choix de mes exemples est volontaire comparé à disons, Bucky ou même Scarlett Witch, puisqu’un élément empêche de croire entièrement à la tragédie.
Le public fan du MCU hyper connecté et dévorant chaque news ou rumeurs connait les titres des films à venir d’ici 1 à 2 ans, où tous les exemples cités auront droit à une suite.
Annulant donc la suspension d’incrédulité que pouvait créer comme cité plus haut par exemple, la série Game Of Thrones.
 

Troisième point : la faille dans le build-up du MCU explose au grand jour, au delà de l’affect, fanboy/fangirlisme envers les acteurs, actrices ou personnages incarnés, c’est l’absence de développement de caractère, d’enjeux envers une grande partie des personnages dans les films précédents qui plombent l’émotion.
 
L’incapacité des Russo à transmettre via leur mise en scène l’émotion nécessaire, à l’exception des derniers instants de Spiderman, improvisé par l’acteur de surcroit. Bien que poétique et mélancolique, la scène des évaporés manque de gravité nécessaire à cette séquence, aussi bien via le cadre que dans la musique.
 
Quatrième point : plus que Marvel, Disney, qui a depuis le rachat, a gommé toutes aspérités graphiques, psychologiques, politiques pour s’assurer de ratisser large à chaque fois. Le fait d’avoir rendu la phase 3 plus "mature" de façon épisodique et surtout, le calendrier.
 
Infinity War se devait de ne prendre aucun gant et montrer dans la limite possible de la classification du film, tout ce que devait et pouvait montrer le sujet du film.
Seul gros problème : la variété de tons entre les films a déséquilibré le climax émotionnel. Si Infinity War était sorti au lendemain de Docteur Strange, le ton du film et la conclusion choc du film aurait été beaucoup plus forte (je soupçonne d’avoir voulu éviter un ton trop proche du DCEU)
Infinity War sors au lendemain des retombées cocasses et dingos de Thor Ragnarok mais surtout de l’aspect presque trop light et mainstream de l’action et de la violence dans un Black Panther beaucoup trop sage.
 
 
 
Si on reprends la chronologie suivie de la Phase 3, le déséquilibre est d’autant plus fragrant qu’un build-up de tonalité, psychologique et des enjeux était désamorcé : Civil War, Docteur Strange, Black Panther, Ant Man et la guèpe, Spiderman Homecoming, Thor Ragnarok, on peut noter un vrai contraste trop abrupte.
 
 
 
Cinquième et dernier point : tout comme l’est le personnage de Thanos et tout ce que sous tends ses actions, la scène du claquement de doigt est une conclusion qui casse les habitudes du public mais dont on a pas laissé le temps de conditionnement au spectateur de briser ses repères en 2h pour 10 ans de fidélisation à la formule Marvel.
 
Infinity War devait se heurter à deux points précis : six ans d’attente pour mener vers une conclusion voulu épique et dramatique mais là encore malheureusement plombé vers le bas par une absence de codes cinématographiques et dramaturgique mis de côté au profit d’une formule établie depuis 18 films. L’erreur du film était de demander de balayer aussi sec les repaire du spectateur que de passer d’un Fast and Furious à Game of Thrones en l’espace d’à peine deux heures.
 
 
 
Sur les promesses tenues, il est là encore incroyable de voir que les défis que posaient l’adaptation d’un monstre comme le run Infinity ont été tenues et accomplis. Thanos est enfin un vrai et bon méchant, contrasté mais jamais manichéen ce qui est là la vraie force du film comme du personnage.
Mais surtout à travers un canevas alambiqué de 18 films et plus d’une vingtaine de personnages d’avoir réussi l’aspect crossover à travers des scènes de rencontres totalement improbables et pour la plupart réussis (mention à Docteur Strange, Thor et Scarlett Witch) laissant encore quelques personnages, pour le moment, de côté. Sur le seul point de vue technique, Avengers Infinity War d’avoir réussi le défi le plus casse gueule depuis Ready Player One cette année et rendre cohérent un film avec autant de séquences impliquant autant d’effets visuels à l’écran pour donner vie aux personnages, lieux et pouvoirs tirés des comics.
 
 
 
Plus encore que sur les précédents films, le spectacle proposé est extrêmement ambitieux mais plombé vers le bas à de nombreuses occasions mais d’où étonnamment surnage encore des plans ou des séquences entières qui assure le spectacle.
 
Et malgré le summum que constitue le film, il reste encore trois films pour mener au d’ores et déjà ultra-attendu Avengers 4 qui conclura cette Phase 3.
Sans aucun doute, vu les libertés totales acquises par Marvel Studios, Avengers 4 devrait offrir encore son lot d’images spectaculaires mais surtout, pour la première fois dans le Marvel Cinematic Universe, se doit d’apporter des nombreuses réponses ayant des vrais implications narratif. Plus que simplement offrir le quota spectaculaire attendu, Avengers 4 (titre encore provisoire à ce jour) a pour mission de conclure en panache ces dix premières années de ce qui représente, qu’on le veuille ou non à présent, le nouveau visage du divertissement américain.
 
Philippe Orlandini







jeudi 7 juin 2018

CulturBisZ s'affichent : Hurlement / The howling de Joe Dante


 
 
 
Avant de poursuivre la suite de l'article, vous connaissez la règle, lancer la soundtrack, signé Pino Donaggio, afin de se mettre en condition et de savourer ce monument de terreur primaire.
 
 

Comme beaucoup de cinéphiles de mon époque, la découverte de Hurlement / The howling a été vécu comme une incroyable expérience de terreur primaire. Je devais avoir aux alentours de 8 ou 9 ans lorsque je l'ai découvert mais je n'ai jamais oublié cette sensation de chocs viscérales qui m'accompagna à sa découverte au vidéoclub du coin. Et nul doute que le film de Joe Dante a quelque part participé à créer mon panthéon du cinéma fantastique. Age idéal donc, où le sentiment de peur est encore pur et brut, débarrassé de toute posture cynique.
 

 
 
Et c'est dans cet état de grand spectateur naïf que j'avais découvert des classiques tel que Les dents de la mer, Alien, The Thing, Zombie, Evil Dead, Cujo, Dressé pour tuer, La galaxie de la terreur, Mad Max 1 et 2, Conan. Et parmi tous ces titres fondateurs se dressent bien entendu Hurlements, Prix d'antenne d'or au Festival d'Avoriaz en 1981 (ex-equo cette année avec le sublime Quelques part dans le temps / Somewhere in time), mon premier Joe Dante bien avant Gremlins et la découverte de son sketch It's a good life de l'anthologie de La quatrième dimension.
 

 
 
A cet époque, je ne connaissais pas encore le cinéma de l'allusion que pratiquait  Joe Dante ; et sa postmodernité intertextuelle aux genres du film de loup garou me semblait obscure bien que je comprenais parfaitement le clin d'œil, notamment lors de la mythique scène du piège de la clinique. Par un savant montage parallèle, on comprenait que Belinda était menacé par un loup garou tandis que le mari de la jeune femme regardait un carton à la télévision mettant en scène le grand méchant loup. Scandé par le score de Pino Donnagio, difficile également ne pas oublier la fameuse scène peep show qui ouvre le film, celle où l'actrice Daniel Dee Wallace se fait attirer dans l'antre de la bête dominé par le prédateur sexuel Eddy, joué par le terrifiant Robert Picardo (futur collaborateur régulier de la filmographie du cinéaste). Pendant la projetions d'un porno, celle çi est envahi par des images impures et figés devant le grand Inconnu cauchemardesque, et se fait symboliquement violé par quelque chose que sa conscience va refouler au plus profond d'elle-même.
 

 
 
 
 
 Grace à un script ludique et révérenciel de John Sayles, Joe Dante va jouer avec beaucoup d'habilité sur les attentes du spectateur repoussant au moment crucial la scène tant désiré. Le clou du film, la scène de transformation de Eddy le monstre, en loup garou. Une scène qui défie les sens, par sa beauté terrifiante, par sa durée inhabituel. Rien ne nous est épargné et comme l'héroine du film, impossible de détourner le regard; on est paralysé par ce spectacle fascinant et dégoutant. Rob Bottin signait içi sa première véritable prouesse dans le monde du maquillage et devenait ainsi la figure rock et moderne du maquilleur et de génie en EFX mécanique.
 







 
 
 

 
 
Voilà, Hurlement c'est ça ! des images qui marquent comme la scène d'accouplement bestial au clair de lune, comme la scène de l'incendie en digne conclusion à la Frankenstein, comme la scène finale déchirante et triste, comme ce regard caméra final et cet punchline apocalyptique : "Vous le voulez comment votre amburger !" "Saignant".......

Remerciement à Azzedine Bhelkiri pour son travail de recherche et sa page Facebook CulturBisz ! Sinon j'ai complété comme d'habitude cette galerie avec quelques affiches et photos personnelles.
 




 

Extrait





La bande musicale du film


 
 

 
 
 
 

La jaquette du film



 
 

Les affiches du film









Les photos de tournage et matériels publicitaires
 






























 
Hurlement en BD !
 


 
 
 
 
Affiche Pop Art
 
 
























 

 
 
Autres photos du film
 






 
 
 
 
Figurines et jeux
 


 
Article et critique du film à sa sortie
 
France
 

 
 
US
 






 
 
Bonus, le documentaire de Joe Dante sur Arte
 
 
Les suites de Hurlements (Jaquettes, Affiches, Photo)