mardi 7 octobre 2014

Emilie, l'enfant des ténèbres (Sélection Officielle Festival de Paris 1977)




Emilie, l'enfant des ténèbres (The curse medaillon / The night child), 1975, fantastique, Italie de Massimo Dallamano, avec Richard Johnson et Nicoletta Elmi.

Synopsis : Réalisateur de documentaire pour une chaine anglaise, Michael Williams doit partie en Italie pour réaliser une reportage sur la représentation du diable dans la peinture. Sa fille, témoin d'un terrible trauma (elle a vue sa mère bruler vive dans sa maison) se comporte de manière bien étrange. Depuis son arrivée en Italie (et l'acquisition d'un curieux médaillon), Emilie est en proie à d'épouvantables visions.

 


Comme souvent dans le passage de la traduction des titres Anglais / Français, le spectateur perd ce qui se révèle comme le sujet principal du film. A l'évidence, le titre français 'Emilie, l'enfant des ténèbres' surfe et vend le jolie film de Massimo Dallamano sous la haute lignée des succès fracassant et successif de Rosemary's baby et surtout de  L'exorciste et Damien La malédiction.  Emilie ne fait pas exception à la règle dans un marché porté sur l'exploitation de succès publics, et en général, les italiens réagissent vite et proposent des erzats des films originaux tout à fait honorable comme le seront plus tard L'antéchrist et Holocaust 2000. Pour l'heure, Emilie joue donc parfaitement avec ses multiples influences puisqu'il est question de fille possédé, démoniaque, tenté par le mal et poussée à accomplir toute une série de crimes accidentels mortels.
 



 
Mais si ce programme ne travaille pas à en faveur du réalisateur Dallamano, il faut convenir que très rapidement en choisissant d'orienter le film vers le motif obsessionnel et œdipien de l'amour d'une fille pour son père, le cinéaste italien joue avec l'aspect transgressif d'un récit psychanalytique particulièrement envoutant à l'image du score fantastique du compositeur Stelvio Cirpriani. Un amour plein, dangereux, exclusif qui conduit la fillette, joué avec beaucoup  de subtilité par la mimi Nicoletta Elmi, par des jeux de stratégies afin d'éliminer ses 'rivales', mère, gouvernante, maîtresse. L'occasion pour le réalisateur de nous concocter des mises à mort aussi bref qu'horrible.



Le second niveau de lecture est parfaitement incarné par le titre original du film, The curse Médaillon (ou Le médaillon sanglant), et raconte comment un pendentif ancestral porté par la jeune fille est source d'une terreur immémoriale parfaitement illustré par des flash back historiques particulièrement envoutant. Comme pour le génial La maison aux fenêtres qui rient, le point de départ détermine le trajet funèbre du héros principal du film puisque Richard Johnson (La maison du diable) incarne un vidéaste produisant un documentaire sur la représentation du diable dans la peinture italienne, l'occasion d'admirer les admirables fresques de Lucas Signorelli dans la chapelle San Brizio d'Orvieto, détaillé dans le générique du film et qui distille à elle seule une fascination malsaine indéniable.




Et comme dans le chef d'œuvre d'Elio Pétri, le héros est conduit dans son investigation dans un petit village italien à découvrir une étrange peinture murale, un tableau absolument fantastique (dans tous les sens du terme) apparu trois siècles plus tôt...et représentant un démon rouge surplombant une scène étrange : un village, une femme enflammée tombant dans le vide sous les yeux d'une fillette armé un incroyable poignard et portant un médaillon. 


 
 Fasciné par le tableau, le père va être invité dans un intrigue tortueuse faites d'objets fétichistes et de motifs (proche du giallo, la médium et liseuse de tarot est un exemple évident d'emprunt) annonçant un terrible drame à venir. Avec beaucoup d'habileté, malgré un budget faible (cela n'empêche pas au film d'avoir une photographie admirable du Franco Delli Colli) et  une réalisation parfois maladroite, le cinéaste parvient à conduire le film avec une certaine élégance et surtout à distiller une émotion forte assez inattendu dans le cadre d'un cinéma d'horreur mais qui fait mouche dans une conclusion mémorable. Moins connus que ses illustres ainés, Emilie, l'enfant des ténèbres est une petite production italienne qui mérite une redécouverte ne serais pour le score musical dont son attrait émotionnelle poursuit le spectateur bien au delà du mot fin.
 
 

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