mardi 8 avril 2014

Festival 1 : Avoriaz 73

Avoriaz 73

 
Pour sa première édition dédiée au Cinéma Fantastique, Avoriaz jouait déja de la diversité. Au programme des réjouissances, le fameux classique du bitume avec Duel où Steven Spielberg prouvait à tout le monde qu'il était un as du découpage, Mario Bava nous proposait un giallo gore nihiliste sans concession avec La baie Sanglante, Douglass Trumbull nous foutait le cafard avec son cauchemar opéra Silent Running où Bruce Dern tentait de sauver les derniers dômes de notre patrimoine naturel, Robert Fuest mixait avec santé humour noir et slasher original où un savant fou de douleur par la mort de sa femme envoyait 'ad patres' les médecins dans son fameux L'abominable Docteur Phibes. Chez les frenchies, les spectateurs ont eu droit au bizarre, rigolo et fumeux Thremroc où Michel Piccoli foutait le boxant révolutionnaire dans son immeuble de prolos. Pour les amateurs de bis, Frogs nous montre la révolte animale où des crapauds tentent vainement de faire des 'croacs' de frayeurs, tandis que Dunwich Horror sème l'ennui et emmerde avec cette mauvaise adaptation de HP Lovecraft. Marco Ferreri jouait de la dystopie polissonne avec son film d'auteur La semence de l'homme (d'ailleurs oublié). Pour les cochons, Devil in Miss Jones, c'était quand même un autre calibre dans tous les sens du terme. A l'est, Les oiseaux, les orphelins et les fous émoustillent le jury de l'époque. Et pour finir, Aelita reste un simple curiosité historique, un sf movie chiant et laborieux qui peut encore sans doute faire illusion dans un meeting du PC.
 
Compétition :

L'abominable Docteur Phibes (Robert Fuest)

 
La femme d'un grand médecin meurt en table d'opération. Fou de douleur, le Fantômas des savants fous, le Docteur Phibes entreprend une vaste opération de punition...Notamment une femme bouffé par des sauterelles !!! Beurk ! Pas de récompense cette année-là, mais le film est devenu un classique dans sa catégorie. A noter aux castings, outre l'immense Vincent Price, le vétéran Joseph Cotten et l'envoutante Virginia North. 
 
La baie sanglante (Mario Bava)

Le plus grand réalisateur italien de l'époque marque les esprits avec ce giallo méchamment hardcore à travers une sombre histoire d'héritage où la cupidité de l'intégralité du casting débouche sur une vision archi nihiliste des hommes (vision qui atteindra son sommet avec le sublime Chiens Enragés. Le final reste à ce jour d'une cohérence rare dans cet ancêtre historique du slasher.

Duel (Steven Spileberg)
 
Pour ce fameux 'téléfilm', Steven Spielberg livrait sa première bombe et personne à l'époque (y compris le jury) n'aurait songé que cette récompense lancerait la carrière d'un des plus grands réalisateurs du 7 Art. Pour l'heure, il adapte avec un panache bluffant un récit carré, minimaliste de Richard Matheson et livre un suspense incroyable ou le sens du réalisateur pour le découpage et le montage font merveille.  Un camion veut tuer un homme ordinaire sans aucune raison valable. Face à cette situation absurde, le fantastique trace son chemin le plus pur.

Dunwich Horror / Horreur à volonté (Daniel Haller)

Une adaptation médiocre et molle de HP Lovecraft où le réalisateur Daniel Haller se relève très peu inspirée à tenter de montrer la créature. Maintenant, il existe sans doute des fans de flash colorés. Sinon, le film est remplit de clichés à la pelle et devant le manque d'enthousiasme, Dunwich Horror est tombé à juste titre dans l'oublie.

Frogs / Les crapauds (George Mc Gowan)

Une affiche rigolote pour un film fait pour les fans d'optique 2000 (point de vue des animaux avec décadrage à gogo). Sans qu'on sache le pourquoi du comment, les animaux du coin (serpent, poissons, et surtout les crapauds du titre) font le siège d'une riche propriété tenu par le grand Ray Milland en fauteuil roulant tandis que Sam Elliot tente d'organiser le sauvetage. Bon, c'est moins ringard et kitsch que ses voisins de palier (La nuit des lapins géants, Soudain les monstres), l'invasion en question n'est pas très captivant et c'est au final assez chiant à regarder.

Les oiseaux, les orphelins et les fous (Juraj Jakubibosco)
 
Bon là, j'avoue, j'ai pas vue le film :"Dans une Tchécoslovaquie d'après guerre, deux amis, Yorick et Andrej, rencontrent la jeune Marta. Tous les trois sont orphelins et vont connaître ensemble la joie, l'amour et la haine jusqu'à une fin tragique". (source wikipidia). Datant de 1969, le film a semble-t-il été interdit pendant plus de 20 ans. "Le film fut interdit pendant près de vingt ans suite à l'avis défavorable de la commission du Ministère de la culture de la République socialiste slovaque qui jugea le film comme "non socialiste, désespéré et négativiste". Le titre est tiré de la Bible: "Dieu nourrit les oiseaux, les orphelins et les fous". (source wikipidia).
 
 
La ragazza di latta (Marcello Aliprandi)
 
 À Ravenne, Monsieur Rossi est un personnage anticonformiste qui travaille dans une grande entreprise. Un après-midi, depuis son bureau, il aperçoit une jeune fille « spéciale » et décide de la suivre. Cette ragazza di latta (« fille de fer-blanc ») est en réalité un robot. Il tente en vain de la détruire mais finalement l'épouse et s'intègre au système. (source wikipidia).
 
 
La semence de l'homme (Marco Ferreri)
 
1973, c'était l'année de La grande Bouffe pour le cinéaste italien, l'occasion pour le Festival de présenter une œuvre inédite datant de 1969. Un dystopie au postulat sombre dont cette vision intello et pandémique du chaos qui évoque parfois La planète des singes. Le film n'est pas sans charme et la radicalité du style sera apprécier des fans du cinéaste. A noter la présence de Annie Girardot.
 
 
 
Thremroc (Claude Faraldo)
 
Autre film à tendance intello, le bizarre et strange Thremroc, volontairement anarchique et contestataire où Thremroc (composé avec malice par Michel Piccoli) dit 'merde' à la société et du jour au lendemain, il entraine dans sa lutte les colocataires de sont immeubles, bref on rejette les normes sociales pour en recréer une nouvelle. Un humour radical pour un film qui souffre malheureusement un peu de sa fabrication frenchies.
 
Silent Running (Douglas Trumbull)
 
Le grand oublié du palmarès cette année là avec ce classique de la science fiction écologiste des seventies dans la droite lignée de Soleil Vert et de Terre Brulée. Sur terre, il n'existe plus d'exploitation, ni de faune, ni de flore. Dans l'espace des dômes ont été fabriqué pour préserver ce qui reste du patrimoine naturel. Un jour la terre ordonne de détruire ses dômes, c'est sans compter le botaniste Freeman Lowell (magnifiquement incarnée par Bruce Dern) qui ne va pas hésiter à commettre des meurtres pour arriver à ses fins. Malgré son budget réduit et économe, Douglas Trumbull livrait un film de sf absolument passionnant.
 

Hors Compétition :

Aelita (Jakov Protazanov)



Devil in Miss Jones (Gerard Damioano)

 

Palmarès :

 

Grand Prix : Duel

Deuxième Prix : Les oiseaux, les orphelins et les fous

Prix du jury et prix d'interprétation masculine : Michel Piccoli pour Thremroc

Palmarès personnel :

Grand Prix  : Duel

Deuxième prix : Silent Running

Prix du jury : La baie sanglante

Prix d'interprétation : Bruce Dern pour Silent Running

 

3 commentaires:

  1. De mon côté, j'estime que Frogs est une pure merveille. Pourquoi faudrait-il connaitre la "raison" pour laquelle la nature se retourne contre l'homme? Ce sujet-là n'est-il pas au cœur même de la majorité des productions alarmistes des seventies quant au conséquences désastreuses de l'influence humaine sur son environnement? Long Weekend serait-il "chiant" pour ces mêmes raisons? Et ce ne sont là que quelques exemples de films à fond écolo...
    Personnellement, tout me plait ici. A commencer par la prestation de Sam Elliot. Ce film est une vraie perle et il est très bien fait. Si vous pouvez le voir, n'hésitez pas!

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  2. bonjour, tout d'abord merci de réagir à mon article, tu est le premier, ce n'est pas rien. Ensuite, sur l'article en question, et sur Frogs en particulier, bien entendu, je ne prétend pas avoir raison et cela fait quelques mois que je n'ai pas revu le film. Donc tant mieux si le film te plaît, cela permet à d'autres lecteurs de découvrir ce film assez rare.
    Concernant mon avis sur le film, ce n'est pas tant le fond qui me gêne que la forme et l'écriture que j'ai trouvé trop brouillonne et un peu ingrate sur le plan formel. Alors que Long Week End, le film était d'une grande rigueur d'écriture (Everet de Roche !) et d'une grande élégance formel. Il faudrait que je revois le film pour voir je changerai éventuellement d'opinion sur le film.

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  3. Je t'en prie! Tout le plaisir est pour moi. Je suis en pleine phase 70-80 en ce moment (j'ai vu Capricorne One de Peter Hyams hier soir). Tiens, il y a Galaxina qui attend là sagement sur ma pile de DVD.
    Bien sûr, le cinéma est une affaire de goût, comme tant de choses. Je me surprends également régulièrement à réévaluer des métrages que j'ai peu ou pas appréciés lors du premier visionnage. Et parfois, la surprise est vraiment de taille (notamment grâce aussi au vidéoprojecteur et aux formats respectés, et oui)! Le plaisir est là où on le trouve... Et il y a tant de choses/de pépites à (re-)découvrir. En tout cas, bravo pour ton blog. Il donne envie d'écrire. La preuve!

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