mercredi 30 avril 2014

La quatrième dimension / The twilight Zone (Avoriaz 1984)


La quatrième dimension / The Twilight Zone, the movie


Mardi le 29 avril 2014.
Film Fantastique. USA. Réalisé par John Landis (Ouverture et Sketch 1), Steven Spielberg (Sketch 2), Joe Dante (Sketch 3) et George Miller (Sketch 4). Hors Compétion Avoriaz 1984. 5/6.
Synopsis : Deux hommes roulent dans la nuit. Pour que le voyage ne soit trop long, les deux hommes évoquent leurs goûts pour la musique, les série tv. Là un des voyager propose à son passager un pari : il doit parvenir à lui mourir de peur... c'est là que débute la quatrième dimension.
 
Présenté en hors compétition au festival d'Avoriaz en 1984, La quatrième dimension apparaissait comme le film à ne pas manquer cette année là et ceci pour deux raisons : tout d'abord son ADN avec la célèbre série original et culte initié par Rod Sterling, et enfin, la réunion sous un même projet de quatre des cinéastes parmi les plus cotés du début des années 80 : John Landis, Steven Spielberg, Joe Dante et Georges Miller. Vous doutez bien que les gamins fantasticophiles de cet âge d'or ne pouvez mieux rêver d'une telle affiche.



Il faut dire que plusieurs facteurs sont réunis pour exciter le fanboy de base. Au moment de l'annonce du projet, les spectateurs français avait eu le temps de se familiariser avec la série TV culte, un rendez vous immanquable marqué par le célèbre générique. Soit 159 épisodes entre 1959 et 1964 et un auteur génial Rod Serling suivie d'une escouade d'auteurs réputés : Richard Matheson, Charles Beaumont, George Clayton Johnson et Ray Bradbury. D'ailleurs, c'est Richard Matheson lui-même qui se chargera de l'adaptation des quatre récits de la nouvelle version de Steven Spielberg ! Le principe est quasiment toujours identique, un homme ordinaire soudainement confrontés à quelques choses d'extraordinaires.




Autre facteur séduisant, le grand retour du film à sketch sur grand écran. Eh oui ! Pendant des décennies, le film à sketch était essentiellement un genre cinématographique européen (Histoires Fantastiques, Les trois visages de la peur, Au cœur de la nuit) et plus précisément une spécialité de la Hammer et de la Amicus, deux célèbres sociétés de production anglaises qui ont produits avec un certain panache un nombre conséquent de film à sketch (Le caveau de la terreur, Asylum, Histoires extraordinaire, Frissons d'outre tombe, The Monster club). L'annonce de la mise en chantier de la Quatrième dimension accélère aux états unis un véritable engouement pour ce style d'histoires pris d'une soudaine prise de conscience de sa propre pop culture. Et si  En plein cauchemar, Creepshow et La Quatrième dimension ouvre la marche, le phénomène gagne de l'ampleur et sera bientôt suivie de Cats Eye, Creepshow 2, Nuits sanglantes, Darksides les contes de la nuit noire, lui-même suivie d'un revival à la télévision du format cours fantastique, La cinquième dimension, Tales from the dark nite, Body Bags, Amazing Story, Les contes de la crypte.




L'autre facteur déterminant tient à l'investigation hors norme de deux créateurs qui sortaient de plusieurs succès  important dans le genre fantastique, John Landis (Le loup garou de Londres, le clip Thriller de Michael Jackson) et Steven Spielberg (Les aventuriers de l'arche perdue, Poltergeist et surtout E.T, film où le réal lance un clin d'œil génial à la série). Plus que la génération du nouvel Hollywood, Steven Spielberg a été comme beaucoup de réalisateur de sa génération nourris par la culture du drive in et de la science fiction. Naturellement, lorsque celui-ci commença à mettre en place sa structure de production Amblin (Gremlins), La quatrième dimension faisait quasiment office de vitrine où le réalisateur invitait des créateurs susceptibles de ce pencher sur les divers projets de sa future boîte de production. Bien que Paul Verhoeven fut citer, c'est finalement Joe Dante et Georges Miller qui compléter la distribution prestigieuse, deux réalisateurs qui sortaient également de plusieurs succès, la saga des Mad Max et les loups garous baveux du génial Hurlements. Chaques artistes bénéficiaient d'une liberté total et cela se traduisit, au delà à la fidélité des récits originaux, par la participation des divers collaborateurs habituels (John Hora, Allan Daviau, Rob Bottin, Graig Reardon, Tina Hirsch). Après Poltergeist, Jerry Goldsmith se chargea une nouvelle fois pour Steven Spielberg du score musical, une entente créative qui se poursuivra avec les productions Amblin et les propres films de Joe Dante (Gremlins, L'aventure Intérieurs, Small Soldiers).


Naturellement, les principales revues de l'époque ont parfaitement saisie la nature phantasmatique du projet en concoctant des dossiers 'maousses' qui font encore tourner la tête de toutes historiens cinéphiles qui se respectent. Sa sélection au festival d'Avoriaz n'a fait qu'accélérer la tendance. Un film évènement donc et des couvertures en pagaye !



Il serait pourtant hasardeux de limiter ce film étendard à un simple réflexe nostalgique (le score monumental de Jerry Goldmith, les créatures surréalistes et gremlinesque de Rob Bottin et de Craig Reardon constituent quand même des arguments bétons). Car à revoir le film aujourd'hui, avec le recul et la distance nécessaire, c'est quand même la possibilité de voir un condensé 'ciné' des obsessions stylistiques des auteurs à cette époque pour le meilleur ou pour le pire (mais ça c'est pour les esprits chagrin).


Ainsi John Landis mixait  joyeusement le 'canular horrifique' dans la droite lignée de ses grands succès de l'époque. L'épilogue où l'on voit discuté Dan Aykroyd et Albert Brooks dans la voiture est un condensé typique du style 'humour noir et potache' et renvoit bien entendu à ce subtil dosage entre un récit indolent, faussement neutre et une chute brutal qui amplifie l'impact horrifique. Il suffit de songer au Loup Garou de Londres (la fameuse scène de l'agneau égorgé) et à Thriller (la scène du cimetière) pour saisir l'approche subtil de la peur dans le cinéma de John Landis. Bingo, c'est exactement sur ce principe que le basculement s'opère dans le premier sketch où Vic Morrow après avoir professé toute sa rancœur raciale  dans un bar au reste du monde, se retrouve projeté dans la peau d'un juif pendant la seconde guerre mondial, d'un noir confronté au Ku Klux Klan et un vietnamien dans la guerre du Vietnam. On a souvent reproché l'approche un peu trop démonstrative du propos de l'histoire. Mais si effectivement l'allégorie peut paraitre trop évidente, John Landis adapte habilement les récits moraux imaginés par Rob Serling avec sa propre conception du fantastique.

 
 Spielberg traitait avec sa candeur habituel d'invoquer la capacité d'évasion et d'émerveillement du spectateur par un retour à l'innocence. Souvent mal aimé, ce épisode a le principal défaut de ne pas avoir un récit ouvert mais s'apparente avant tout comme une expérience, une parenthèse où tout se brouille et se fige dans une temporalité incertaine. Après le succès internationale de ET, on sent que Spielberg avait besoin de ce récit chaleureux. L'argument est simple : des personnes âgées d'une maison de retraire retombe en enfance grâce à la présence de l'étranger (merveilleusement incarnée par Scatman Crothers).  Un récit en huis clos où les personnages oublient leurs quotidiens ingrats. Alors certes, le récit n'évite pas une surenchère au merveilleux et le sujet n'était pas forcément le plus adaptée pour le cinéma. Il n'en reste pas moins qu'il porte la marque significatif d'un grand metteur en scène tant la réalisation et la directeur artistique ne souffre pas de véritables défauts!
 
 
voici un extrait de l'épisode Kick the can
 
 
 
voici un extrait de la partition du film Kick the can
 
It's a good life est sans aucun doute une création charnière, celle où John Dante définissait vraiment et ceci pour la première fois, sa filmographie futur, à base d'expressionisme cartoonesque, de zapping télévisuel et d'hommage à sa culture du 'drive-in'. Car malgré tout l'amour que l'on peut porter à Piranhas et à Hurlements, c'est vraiment It's a good life qui permis à Joe Dante d'exprimer toute la démesure et la modernité de son univers. Après un accident en vélo sans conséquent dans un bar tenue par Dick Miller, une jeune femme accompagne un jeune garçon chez lui. Arrivé chez ce jeune garçon, la jeune femme fait connaissance à la famille qui a un comportement qui l'a met bientôt mal à l'aise. Le ton inquiétant à la limite du cauchemar éveillé laisse place à une véritable allégorie de la dictature du bonheur forcé et de la normalité (thème présent dans Gremlins et The burbs) et stigmatise la cruauté des enfants gâtés livrés à une méchanceté naturelle. Bien entendu, pour exprimer cette univers déviants, Rob Bottin a crée toute une galerie de toons monstrueux renforcés par les éclairages agressifs et expressionnistes de John Hora (qu'on retrouvera d'ailleurs dans The hole dans la dernière partie). Mais ce qui fait toute la subtilité du cinéma de Joe Dante c'est cet étonnant équilibre entre une ironie d'une grande noirceur, un amour sincère pour les univers monstrueux et bizarrement une vraie candeur pure 'america'. Son amour du montage azimuté 'époque Corman' et de son film amateur The Movie Orgy (ça c'est assez explicite non ?) trouve dans ce récit un terrain d'expérimentation idéal et permet au cinéaste justement de faire exposer le cadre de ses films par un esprit joyeusement destructeur et 'anar' qui aboutit systématiquement à l'intrusion dans le monde réel d'un chaos libérateur, c'est ici les cartoons qui détruisent le 'home sweet home' de la même manière que plus tard que les Gremlins, les small soldiers et bien sur les ET zappeurs de Explorers agissent comme des révélateurs de la culture populaire américaine.


 
 
deux extrait de It's a good life
 
 
 
un extrait du score musical It's a good life
 
 
 
Pour achever cette merveilleuse anthologie, on pouvait compter sur le cinéaste australien George Miller pour mettre toute la gomme. Au passage, il prouvait à tout le monde le génie de sa mise en scène et de son découpage minutieux, en explosant l'espace 'huis clos' de l'avion par ses travelings et ses recadrages aussi iconique que dans Mad Max 2. Cinéaste génial et honteusement sous estimé (Lorenzo, Babe et les Happy Feet n'ont rien gâché son génie), Georges Miller propose un merveilleux récit fantastique à la Todorov où le spectateur ne sait jamais cet figure hideuse sur l'aile de l'avion est une entité réel ou la simple incarnation d'un pauvre type (John Lightgow génial) qui a trouille de prendre l'avion. Quoiqu'il en soit, en adoptant cette indécision de la figure la peur, Georges Miller livre un magnifique récit paranoïaque à la tension dramatique constante renforcé par la créature magnifique réalisé par Graig Reardon. JMM. 5/6

 
 
un extrait des deux versions :
 
 
 
La chanson du générique final Nights of forever par Jennifer Warnes
 

 
 
 

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