Explorers: Lewis Teague (USA)

Lewis Teague (USA)

Un réalisateur de série b assez estimé des amateurs. Après avoir fait ses classes à Universal Télévision, il rejoint l'écurie 'Corman' en tant que directeur de seconde équipe et travaille sur Death Race. Débutant comme tant d'autres dans les années 70, chez Roger Corman (il fut assistant réalisateur, réalisateur de seconde équipe et monteur), il croise le chemin du scénariste John Sayles qui débouche sur deux excellentes série b qui déboitent. Tout d'abord, il signe un excellent polar se déroulant dans les années 30 durant la prohibition, Du rouge pour un truand, où il excelle à créer un climat proche du pastiche et de l'hommage. Peu connu, le film trouve chez les cinéphiles un écho plus que favorable notamment chez Starfix.

Toujours en collaboration avec John Sayles (qui entre-temps électrise la planète entière avec son script Hurlements), Lewis Teague réalise le jouissif L'incroyable Alligator (Avoriaz, 1981) où le sympa Robert Forrest traque un monstre dans les égouts de New York. Pure prototype des monsters movies digne des classiques des années 50, le réalisateur injecte assez d'humour et d'esprit anar pour qu'on gobe ce sujet fantaisiste.

Par contre, il se plante magistralement avec son 'vigilante movie', Philadelphia Security / Fighting Back. En essayant de se démarquer de la tendance de l'époque (MS 45, Vigilante, Le droit de tuer, la saga des Justiciers dans la ville) à travers une réflexion sociétale sur le cycle de la violence urbaine (façon Le prince de New York de Sidney Lumet), le réalisateur loupe le coche et livre un film bavard, mou, maladroitement réac malgré la présence du sympathique Tom Skerrick (Alien). Bref, il échoue sur tous les tableaux et se situe à l'exact opposé de la Nuit des juges de Peter Hyams qui avait su trouvé justement la bonne distance entre exploitation et réflexion morale. Puis arrive sa période "Stephen King" en signant ses deux meilleurs films, tout d'abord, le terrifiant Cujo où suite à une morsure d'une chauve-souris sur le nez, un attachant Saint Bernard se transforme en chien sanguinaire terrorisant une mère et son enfants dans une voiture. Cujo reste un incroyable film de terreur où le huis clos glaçant d'une voiture devient le réceptacle d'un enfer, sa violence est estomaquant et reste de loin avec son voisin de palier Dresser pour tuer, comme le meilleur 'dogs' movie de tous les temps.

Ensuite, c'est le sympa film à sketches Cat's eye (prix de la mise en scène au Festival de Paris 1986) où le réalisateur jongle avec différents récits typique de la King's touch des eighties. De plus en plus ambitieux et courtisé par les studios, le réalisateur fait un tour dans les films à grands spectacle avec des résultats tantôt décevant (Collision Course) tantôt impersonnel (Le diamant du Nil). Les résultats ne sont pas convainquant et on regrette le style direct qui fesait tout la force et le charme de ses précédents films. Dans le registre des films d'action guerrier, Navy Seals les meilleurs est plus excitant. Malgré un script déjà vu, le film repose sur la savoir faire du réalalisateur pour les scènes d'actions relativement efficaces et surtout de la bonne dynamique entre Charlie Sheen (qui n'allait pas tardait à s'auto-parodier avec les deux Hot Shots) et Michael Biehn (excellent acteur de film d'action mais qui n'a jamais eu la popularité qu'il aurait du avoir).

Son dernier titre intéressant reste le téléfilm d'anticipation Wedlock, sortie en vidéo chez nous début 90, et mettant en scène Rutger Hauer, un prisonnier en fuite portant autour du cou un collier explosif. Un sujet qui surfe sur le méconnu La chaine de Stanley Kramer. Carré et efficace comme la plupart des bons films de Lewis Teague. Le reste de la carrière est beaucoup plus confidentiel et se limite à la télévision.